Ropraz

Nezir Gashi, patron d’un bistrot pittoresque
 

Sous l’enseigne Café de la Poste une histoire entre un Suisse et un Kosovar. Nezir Gashi est arrivé dans le petit village de Ropraz en 1992. Alain Gilliéron, le propriétaire des lieux, avait besoin d’une personne au service. Dans les vieux murs du bistrot une nouvelle vie s’épanouit. Hier sommelier aujourd’hui patron, l’homme venu d’ailleurs a trouvé son bonheur dans ce coin du Jorat.

« A répéter ton nom j’en ai fait un oiseau. Mais l’attraper dans le ciel je ne sais pas. J’en ai fait une rose. Mais la couper de mon âme je ne sais pas. A répéter ton nom j’ai ai fait ma patrie. Car vivre sans toi je ne sais pas », Din Mehmeti, poète albanais, extrait.

Nezir Gashi rayonne aux côtés de sa femme Ramize. Il se souvient: « Quand je suis arrivé à Ropraz, je venais d’Allemagne où j’avais trouvé refuge après avoir déserté l’armée et quitté une Bosnie-Herzégovine en pleine guerre. Je bredouillais quelques mots de français et malgré tout l’accueil des gens a été magnifique. J’ai appris à jouer au jass, le nom des vins du pays et l’engouement pour la célèbre fondue s’est fait naturellement. Grâce à l’Estrée, Alain Gilliéron et Jacques Chessex j’ai dû m’investir et apprendre à connaître la littérature et la culture des lieux».

Ce sont les premiers pas d’un immigré qui, comme ses cinq frères, trouve en Suisse une ouverture et la possibilité de construire un avenir pour sa famille. Une fratrie dont les liens sont restés solides et solidaires. « Lorsque nos parents, restés au Kosovo, ont pris de l’âge notre plus jeune frère est retourné auprès d’eux et nous l’avons aidé à construire une maison. Nous lui versons chaque mois une aide financière pour son soutien apporté à nos parents. Ainsi ils peuvent rester chez eux et nous vivons tranquilles sachant qu’ils ne sont pas seuls ». Nezir sourit en ajoutant qu’ils sont maintenant une famille de 24 personnes établies en Suisse et dans la région. Et si à la maison on parle albanais, les enfants privilégient le français.

La reprise du café de la Poste est une suite logique sans bouleversement. «Le style café campagnard restera avec la meilleure fondue du monde ! », précise Nezir qui propose aussi un menu midi et soir composé de produits frais et de saison. La nouvelle carte débutera en septembre. « J’ai la chance d’avoir une équipe motivée et nous mettrons sur pied une ou deux fois par année une manifestation placée sous le signe cuisine d’ici et d’ailleurs.

La jolie terrasse est baignée de soleil en cette fin de journée et malgré la bise qui tente de tout emporter, le couple sourit sous l’enseigne. Une nouvelle page de l’histoire du café de la Poste est ouverte. Avant de se quitter Nezir regarde cette maison et ajoute : «J’aime cet endroit, ici on se parle encore d’une table à l’autre, le contact humain est sensible. Je me rappelle quand je suis arrivé je disais : « Patron, tu as un beau bistrot ». Puis après quelques années « patron on a un beau bistrot » et aujourd’hui je suis fier, j’ai un beau bistrot ! ». De l’esprit et de bons mots comme le veut la culture du lieu.

Café-restaurant de la Poste, Bourg-Dessous 7, 1088 Ropraz, ouvert du jeudi au lundi, de 10h00 à 22h00, 021 903 18 12. Durant la période du théâtre itinérant Transvaldesia, du 1er au 3 juillet l’établissement sera ouvert.

Dany Schaer