Un regard vers le ciel et déjà comme une intuition. Elles sont de retour, toutes pas
encore mais elles arrivent, par deux, en petits groupes, d’autres survolent la
contrée et poursuivent la route céleste vers le Nord. La puissance de l’émotion est
intacte. Quelque chose qui définit l’immuable, leur retour comme un clin d’œil aux
saisons.
Alors que le ciel s’anime, dans les nids les premiers arrivés fixent l’horizon dans
l’attente de la femelle. Sans perdre de temps d’autres courtisent et parfois
séduisent une esseulée dans son nid. Quelques cigognes sont en quête de terre et de
branches pour consolider les nids qui ont souffert durant l’hiver. Entre les arbres
arrive l’intru au cri strident, un héron cendré qui s’accommode d’un nid
partiellement détruit. Après quelques battements d’ailes de part et d’autre le calme
revient.
Lors de la migration la cigogne utilise les vents et les courants pour monter et
descendre et changer de direction. La cigogne parcourt de grandes distances de ses
quartiers d’hiver en Afrique pour revenir en Europe. Elle vole environ 376 km par
jour et fait plus de 11500 kilomètres. Elle se nourrit d’insectes, de vers de terre,
petits rongeurs et mollusques. Le mâle construit le nid et attend ensuite l’arrivée
de la femelle. Ce couple restera ensemble toute sa vie. Il n’y a qu’une ponte par
an, entre mars et avril. La femelle pond entre 3 et 5 oeufs. Le mâle et la femelle
couvent à tour de rôle pendant environ 34 jours. Ensuite les deux parents
participent au nourrissage des petits. Les jeunes sont indépendants après environ
deux mois. Le son émit par la cigogne adulte est un claquement bruyant du bec. On
dit qu’elle craquette en ramenant la tête sur son dos lors d’un salut entre les
oiseaux ou après la reproduction mais ce peut être aussi une attitude de menace.
Cet oiseau échassier migrateur aime habiter autour des grandes plaines et des
rivières, dans les zones humides. La cigogne peut vivre de 15 à 20 ans si les
dangers n’abrègent pas sa vie et ils sont nombreux (conditions météorologiques
extrêmes, brouillard épais, lignes électriques aériennes, les éoliennes, la chasse
dans certains pays, les dépôts de déchets, les ordures, le plastique. L’une des plus
grandes menaces est la destruction de son habitat. Des biotopes alimentaires
disparaissent du fait de l’intensification des cultures, de l’asséchement des zones
humides, certains produits agrochimiques, etc. Grâce au baguage, au balisage et au
suivi de la migration, les causes de la mortalité des cigognes blanches sont
maintenant bien connues.
Dany Schaer
14 février 2020
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