Le 3 novembre 2018 Françoise et Roger Grossenbacher organisaient une agape en
présence des clients et amis venus dire Merci pour ses 39 ans de service à la
population. L’épicerie au cœur du village doublée d’une camionnette itinérante était
un véritable service de proximité. Une page de l’histoire de Chapelle se tourne,
avec elle un élément important de l’identité régionale.
Ils étaient nombreux à attendre le passage de l’épicerie mobile. Un service pour des
personnes âgées ou non motorisées mais aussi des clients qui aimaient ce moment de
partage avec Roger Grossenbacher toujours souriant et affable. Accompagner l’épicier
dans sa dernière tournée c’est un peu dire au revoir à une époque, contempler le
paysage entre les haltes avant de donner le prochain coup de klaxon. Dans ces
villages silencieux en début de matinée, une fenêtre s’ouvre, une silhouette
s’approche dans la brume automnale un panier à la main. La commande est prête, avec
diligence Roger s’approche de la balance placée au fond du véhicule. La cliente
ajoute quelques produits et l’épicier lui porte son panier jusqu’à l’entrée de sa
maison. De village en village nous retrouverons cet échange rythmé par les
habitudes. Un chat nous attend sur un bord de fenêtre à Boulens alors qu’un petit
chien devine que ses croquettes sont arrivées à Peyres-Possens.
Pendant ce temps au village Françoise Grossenbacher sert ses premières clientes. Le
temps est ponctué par le tintement de la porte d’entrée. On prend des nouvelles, on
pèse, on rit, on s’inquiète d’une personne malade. « L’accueil est un moment
important, une épicerie de village c’est un lieu de rencontre et parfois de
confidence », confie l’épicière. Dans l’arrière-boutique la pause-café est une halte
appréciée.
Un univers à la Prévert qui laisse le temps au temps, une poésie que l’on se garde
au fond du cœur parce que cet univers là avait sa place. Prendre des nouvelles les
uns des autres, apprécier cette visite régulière qui rend service et rompt la
solitude. Prendre le temps d’un sourire, écouter une confidence et repartir avec le
sentiment que cette vie a du sens. C’est peut-être cela que nous avons tant de peine
à voir disparaître. Des larmes dans les yeux, Roger ajoute pourtant : « j’ai une
passion forte pour la nature et avec la retraite je pourrai partir en montagne
observer les animaux. Ces escapades seront une transition douce et avec Françoise
nous raconterons nos coups de cœur à nos amis».
Dany Schaer
Journal de Moudon et Echo du Gros-de-Vaud, vendredi 11 janvier 2019
Voir aussi :
Une
épicerie ambulante sur le Plateau du Jorat (février 2012)
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