Quentin Kohler, biologiste, travaille actuellement sur un projet de promotion du
lézard agile et des petits mustélidés dans le Gros-de-Vaud. Projet soutenu par Pro
Natura qui implique également ARocha, le Karch et le Réseau hermine. Diverses
mesures sont mises en place (principalement installations de petites structures)
avec les agriculteurs et les forestiers sur le terrain.
Ce projet vise à
promouvoir le lézard agile, la belette et l’hermine dans le Gros-de-Vaud. Il fera
l’objet d’une évaluation au bout de trois ans. Fin juin, nous avons rencontré
Quentin Kohler sur les terres de la famille Hunziker à Dommartin. «Le projet est né
du constat de recul des populations du lézard agile. Pro Natura a pensé qu’il y
avait quelque chose à faire dans le Gros-de-Vaud. Les petits mustélidés sont
également visés car ils sont aussi favorisés par les petites structures et sont des
auxiliaires agricoles appréciés. Les habitats favorables, ceux à valoriser ou ceux à
créer pour assurer la connectivité entre les populations, ont été définis sur le
terrain. Ensuite, les mesures de valorisation et d’entretien sont définies et mises
en œuvres avec les acteurs de terrain, principalement les agriculteurs et les
forestiers», explique Quentin Kohler qui ajoute : « La valorisation de l’habitat à
Dommartin a fait l’objet d’une étude et trois zones ont été privilégiées : le long
d’un chemin forestier, en lisière de forêt et en zone agricole. Nous aménageons des
tas de pierres, de petites structures de bois recouvertes de branches, des endroits
qui puissent être interconnectés par des surfaces extensives de type jachères,
bandes herbeuses non fauchées. »
Ernest Hunziker, agriculteur, est favorable à
tout ce qui concerne la biodiversité : « Ces mesures de valorisation sont une bonne
chose. L’hermine se nourrit en moyenne de 1-2 campagnols par jour et se montre utile
dans un secteur agricole. Je suis très enthousiaste et j’espère que l’hermine le
sera aussi et qu’elle fondera famille», sourit l’agriculteur. Les exploitants d’une
surface agricole, sylvicole ou de talus gérés de manière favorable pour le lézard
agile, peuvent bénéficier de contributions à la protection de la nature. En milieu
agricole, les aménagements pour le lézard agile, la belette et l’hermine peuvent
être déclarés comme surfaces de promotion de la biodiversité et bénéficier de
contributions financières.
Le tour du domaine permet de mesurer l’important
travail réalisé par les différents acteurs du projet. «Les petites maisons
construites à l’intention de belette et hermine dont le bois provient des gradins de
la fête du blé et du pain à Echallens, devrait leur servir de nid douillet, un
véritable hôtel 5 étoiles ! Un partenariat privé public qui marche ! Agriculteur,
biologiste, communes, entreprises professionnelles, forestier qui travaillent
ensemble pour l’avenir de la biodiversité c’est un bon compromis », se réjouit
Roland Rapin, garde forestier.
Trois espèces ciblées, belette, hermine, lézard
agile. La belette figure en Suisse sur la Liste rouge des espèces animales menacées.
Les observations d’hermines ont également diminué ces dernières décennies. Les
objectifs de REHM (réseau hermine) sont de conserver à long terme des populations
saines et viables de petits mustélidés, stopper le recul, favoriser et créer des
habitats adéquats et reliés entre eux, sensibiliser la population, les milieux
politiques et les administrations. Promouvoir les connaissances sur les besoins des
mustélidés dans les milieux de la chasse, agriculture, aménagement du territoire et
dans le domaine des constructions hydrauliques, ferroviaires et routières. Le
lézard agile est une espèce diurne qui se nourrit d’insectes. La destruction des
habitats constitue la menace la plus grave pesant sur cette espèce, comme sur toutes
les espèces de reptiles indigènes. Les habitats du lézard agile sont les lieux secs
et les friches. Comme ces sites succombent tôt ou tard à l’aménagement du
territoire, l’aire de répartition de l’espèce est toujours plus morcelée. Pour
assurer une survie à cette population de lézards il est indispensable de lui fournir
des habitats adaptés : coteaux et lisières, végétation haute avec quelques
emplacements dégagés, buissons bas, piles de bois, amas de branchages, tas de
cailloux, sites ensoleillés au sol meuble, éventuellement de sable pour la ponte.
Un projet en collaboration avec : Canton de Vaud, commune de Montilliez, Réseau
Hermine, info faune Karch, Pro Natura, A Rocha Suisse. |
Dany Schaer
Août 2019
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