Line Gavillet, syndique de Jorat-Menthue, démissionne en cours de législature. Une
élue respectueuse de la fonction qui a donné de son temps, développé ses
compétences, accompagné la population avec enthousiasme et respect. Une femme de
notre époque pour qui le « genre » n’est pas un tabou ou un obstacle mais une
richesse pour la société toute entière.
Interview Dany Schaer
Echo du Gros-de-Vaud. Une page se tourne, décision difficile ou
soulagement ?
Line Gavillet. Un peu des deux. Il est plus difficile de partir en cours de
législature qu’en fin mais je suis arrivée à un stade où je préfère quitter avant
d’être à bout de résistance.
Seule femme au sein d’un Exécutif et en plus syndique signifie un chemin
difficile ? Tout dépend des personnes qui composent l’Exécutif. Tout peut
bien se passer si les gens se respectent. Mais j’avoue c’est la 1ère fois que je ne
suis pas arrivée à discuter sereinement des problèmes et trouver des solutions
pragmatiques avec quelques membres de cette équipe. Je ne sais pas si c’est à cause
de mon genre ou de mon caractère.
Avoir été élue syndique par défaut en 2016 a été une grande frustration pour
vous ? Oui si j’avais été élue parmi d’autres candidats je me serais sentie
choisie. Le résultat aurait donné de la légitimité à la fonction ce qui n’est pas du
tout la même chose s’il s’agit d’une élection par défaut.
Le passage à la fusion, un découpage qui aurait pu être différent ? Du
point de vue de la municipalité, je crois qu’avec ses différences, la réunion de nos
cinq villages est une grande réussite financière et (sociétale) qui nous a permis
d’améliorer les services publics. Par sa diversité et son rayonnement géographique
équilibré elle représente bien cette région. On parle vraiment de Jorat-Menthue.
Pour un petit village comme Peney-le-Jorat, avec peu de moyens financiers la fusion
était une opportunité.
La collaboration avec le Président du Conseil a été un point essentiel ?
Oui absolument et la fusion a permis de s’entourer d’une équipe administrative
motivée et solide. Si je n’avais pas eu mon équipe je n’aurais jamais réussi à
assumer un tel volume de travail. Frédy-Daniel Grossen est un puits de connaissance.
J’ai appris énormément de choses avec lui qui m’ont aidée à améliorer la
communication de la municipalité aux séances du conseil communal.
Comment la syndique de Jorat-Menthue a-t-elle vécu le confinement et le Covid-19
en général ? Dès le début de la pandémie on s’est préparé et on a défini
comment on allait s’organiser. Au Greffe il n’était pas possible de faire du
télétravail, les secrétaires se sont réparties les jours de la semaine, pour
respecter les distances, nos locaux ne permettant pas à plus de deux personnes de
travailler simultanément. Pour la déchetterie nos surveillants avaient plus de 65
ans donc il fallait trouver une solution. C’est Roland Rapin, garde forestier, qui a
pris en charge toute l’organisation des déchetteries et ce sont les employés de la
voirie avec l’aide des employés forestiers qui en ont assuré la surveillance. On a
organisé les séances de municipalité par vidéo conférence et nous avons pu ainsi
assurer le suivi des dossiers. Du point de vue personnel j’ai évité les contacts
sociaux pour m’occuper de ma belle-mère âgée.
Demain, vous pourrez écrire une nouvelle page de votre vie ? Je vais à
nouveau chanter avec le Chœur mixte et prendre des cours d’orgue. Deux activités que
j’adore et bien sûr faire de la voile avec mon mari. La saison s’y prête. Ce que je
regrette, je n’aurai pas le plaisir de rencontrer Christelle Luisier, conseillère
d’Etat, qui a fixé une séance cet automne avec les syndics du district. Et peut-être
plus tard je me porterai sur les listes pour le Conseil communal. En 14 ans j’ai
tellement appris de choses et j’ai pu constater combien les anciens syndics et élus
des communes ont été précieux au sein du Conseil communal de Jorat Menthue. Alors on
verra… mais je suis reconnaissante à la vie pour tout ce qu’elle m’a permis de
réaliser et pour la fenêtre qui s’ouvre sur de nouveaux projets. Et puis je dirai
encore aux femmes : N’hésitez pas, la femme a sa place partout, une fonction au sein
de sa commune est une expérience intéressante !
Juillet 2020
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