Quand le coronavirus sonne la fermeture du Zoo et son restaurant le coup est brutal.
Même si Roland Bulliard, directeur du parc, s’y attendait, cette décision demande un
plan rapide, une réorganisation du travail de l’équipe et une mise en conformité
avec les règles sanitaires en vigueur. Nous avons rencontré Roland Bulliard pour en
parler.
Interview Dany Schaer
Journal de Moudon. Quelle a été votre 1ère réaction quand vous avez appris
que le zoo devait fermer ?
Roland Bulliard, directeur du zoo. Je n’ai pas été très surpris. Le
vendredi déjà j’avais contacté le Préfet qui m’avait dit que nous pouvions ouvrir
mais pas plus de 100 personnes à la fois dans le parc. Finalement la solution était
compliquée et le dimanche nous savions que nous devions fermer complètement comme
tous les zoos en suisse.
Avec des conséquences financières importantes ?
Oui d’autant plus que cette période est la meilleure de l’année pour les parcs
animaliers. La fréquentation du public est toujours importante pendant les fêtes de
Pâques et cela d’autant plus avec le beau temps.
Quelles décisions avez-vous prises dans l’immédiat ? Rassurer l’équipe et
maintenir un planning de travail pour chacun. Heureusement nous avions des travaux
d’aménagement à entreprendre, j’avais déjà fait l’acquisition du matériel
nécessaire. Nous avons aménagé des zones de travail avec les distances
réglementaires, des désinfectants à l’entrée et à la sortie, aux toilettes et chaque
collaborateur a reçu son flacon de désinfectant.
L’équipe comment a-t-elle réagi ? Très positivement et chacun a pris ses
responsabilités et bien compris l’enjeu. C’était mon rôle d’informer avec sérieux,
maintenir un esprit d’initiative et rassurer quant à l’avenir. Ainsi le travail de
nourrissage et de nettoyage pour les animaux continue avec un horaire modifié et
nous avons débuté les travaux de réaménagement du parc aux lions, des tigres, parc
extérieur des petits singes et place de jeux. On a aussi demandé aux apprentis s’ils
souhaitaient participer et venir travailler et ils ont tous répondu favorablement
ainsi que leurs parents à qui j’ai téléphoné.
Par contre le restaurant est fermé ? Oui pour les dames du service nous
avons entrepris les démarches pour le chômage partiel. Les locaux et les tables nous
servent pour les pauses et le repas de midi de l’équipe et nous avons suffisamment
de place pour manger notre pique-nique chacun à une table différente.
Vous avez eu un contrôle de la Suva ? Une bonne chose qui nous a été très
utile et nous a conforté dans les mesures prises. Nous savons que nous pouvons
travailler et nous avons pris toutes les précautions nécessaires. C’est aussi
rassurant pour nous et pour l’équipe. Du reste les personnes de la SUVA nous ont dit
qu’il est souhaité que le travail puisse continuer mais dans de bonnes conditions
sanitaires.
Et les animaux comment réagissent-ils à ce manque de visiteurs et ce silence ?
Ils sont plus curieux et dès que l’on passe près de leur environnement ils viennent
et nous suivent du regard. Les visiteurs sont pour eux une distraction. Ils se
portent tous très bien et il y a même eu des naissances – des jeunes cygnes noirs,
le couple de loup s’est accouplé et on espère une naissance. La jeune femelle lynx
arrivée juste avant la fermeture du zoo fait bon ménage avec le mâle, un joli
couple.
Vivre une telle expérience est un bouleversement total de nos habitudes. Quel
regard portez-vous sur la vie et sa fragilité ? On n’est pas grand-chose.
Juste un virus et le monde est totalement chamboulé. Cet ennemi invisible va sans
doute nous aider à organiser la vie autrement. Cesser ces voyages inutiles « On
déjeune à Barcelone et on dîne à Milan ». J’espère que cette épidémie du Coronavirus
va remettre les choses en place notamment l’absurdité de la mondialisation par
exemple des produits indispensables au fonctionnement sanitaire de notre pays
fabriqués au bout du monde. Et que nous mangerons des produits locaux et de saison.
Se souvenir que notre agriculture est un bien précieux. Peut-être aussi vivre plus
simplement !
Dany Schaer
Propos recueillis le 6 avril 2020
|