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Interview : Roland Bulliard
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Zoo de Servion

La vie comme suspendue à un fil

Interview: La vie comme suspendue à un fil - Roland Bulliard, Zoo de Servion - Coronavirus, avril 2020
Roland Bulliard

Quand le coronavirus sonne la fermeture du Zoo et son restaurant le coup est brutal. Même si Roland Bulliard, directeur du parc, s’y attendait, cette décision demande un plan rapide, une réorganisation du travail de l’équipe et une mise en conformité avec les règles sanitaires en vigueur. Nous avons rencontré Roland Bulliard pour en parler.

 
Interview Dany Schaer

Journal de Moudon. Quelle a été votre 1ère réaction quand vous avez appris que le zoo devait fermer ?

Roland Bulliard, directeur du zoo. Je n’ai pas été très surpris. Le vendredi déjà j’avais contacté le Préfet qui m’avait dit que nous pouvions ouvrir mais pas plus de 100 personnes à la fois dans le parc. Finalement la solution était compliquée et le dimanche nous savions que nous devions fermer complètement comme tous les zoos en suisse.

Avec des conséquences financières importantes ?
Oui d’autant plus que cette période est la meilleure de l’année pour les parcs animaliers. La fréquentation du public est toujours importante pendant les fêtes de Pâques et cela d’autant plus avec le beau temps.

Quelles décisions avez-vous prises dans l’immédiat ?
Rassurer l’équipe et maintenir un planning de travail pour chacun. Heureusement nous avions des travaux d’aménagement à entreprendre, j’avais déjà fait l’acquisition du matériel nécessaire. Nous avons aménagé des zones de travail avec les distances réglementaires, des désinfectants à l’entrée et à la sortie, aux toilettes et chaque collaborateur a reçu son flacon de désinfectant.

L’équipe comment a-t-elle réagi ?
Très positivement et chacun a pris ses responsabilités et bien compris l’enjeu. C’était mon rôle d’informer avec sérieux, maintenir un esprit d’initiative et rassurer quant à l’avenir. Ainsi le travail de nourrissage et de nettoyage pour les animaux continue avec un horaire modifié et nous avons débuté les travaux de réaménagement du parc aux lions, des tigres, parc extérieur des petits singes et place de jeux. On a aussi demandé aux apprentis s’ils souhaitaient participer et venir travailler et ils ont tous répondu favorablement ainsi que leurs parents à qui j’ai téléphoné.

Par contre le restaurant est fermé ?
Oui pour les dames du service nous avons entrepris les démarches pour le chômage partiel. Les locaux et les tables nous servent pour les pauses et le repas de midi de l’équipe et nous avons suffisamment de place pour manger notre pique-nique chacun à une table différente.

Vous avez eu un contrôle de la Suva ?
Une bonne chose qui nous a été très utile et nous a conforté dans les mesures prises. Nous savons que nous pouvons travailler et nous avons pris toutes les précautions nécessaires. C’est aussi rassurant pour nous et pour l’équipe. Du reste les personnes de la SUVA nous ont dit qu’il est souhaité que le travail puisse continuer mais dans de bonnes conditions sanitaires.

Et les animaux comment réagissent-ils à ce manque de visiteurs et ce silence ?
Ils sont plus curieux et dès que l’on passe près de leur environnement ils viennent et nous suivent du regard. Les visiteurs sont pour eux une distraction. Ils se portent tous très bien et il y a même eu des naissances – des jeunes cygnes noirs, le couple de loup s’est accouplé et on espère une naissance. La jeune femelle lynx arrivée juste avant la fermeture du zoo fait bon ménage avec le mâle, un joli couple.

Vivre une telle expérience est un bouleversement total de nos habitudes. Quel regard portez-vous sur la vie et sa fragilité ?
On n’est pas grand-chose. Juste un virus et le monde est totalement chamboulé. Cet ennemi invisible va sans doute nous aider à organiser la vie autrement. Cesser ces voyages inutiles « On déjeune à Barcelone et on dîne à Milan ». J’espère que cette épidémie du Coronavirus va remettre les choses en place notamment l’absurdité de la mondialisation par exemple des produits indispensables au fonctionnement sanitaire de notre pays fabriqués au bout du monde. Et que nous mangerons des produits locaux et de saison. Se souvenir que notre agriculture est un bien précieux. Peut-être aussi vivre plus simplement !

Dany Schaer

Propos recueillis le 6 avril 2020

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