Pierre Ecoffey, biologiste, passionné de nature, responsable animaux du Zoo de
Servion, soutient la sauvegarde des espèces et garde en priorité le bien-être de
l’animal. Pour une vision contemporaine des parcs animaliers il encourage le
dialogue et l’échange avec le public.
La vraie vie commence là où l’expérience prend le pas sur les manuels scolaires.
Pierre est un vrai citadin ! Un frère, une sœur, des parents qui partagent des
loisirs avec leurs enfants en montagne, un chat de compagnie. L’enfance de Pierre se
déroule dans l’harmonie et un parcours scolaire suivi avec facilité. Les études se
profilent tout en évitant la prise de décision quant à l’avenir. Le choix de la
biologie est presque un hasard qui fait bien les choses. Après ses quatre années de
formation de biologiste et un travail de diplôme sur les campagnols, qui lui ont
ouvert les portes du monde agricole, enfin l’étincelle ! «Cela m’a permis de
construire un projet de vie et dès lors j’ai assumé plusieurs mandats dans le cadre
de Pro Natura ou le WWF. Et puis la chance, le paradis durant six mois au zoo de La
Garenne dans un domaine qui m’intéressait. L’élevage et la réintroduction du Gypaète
barbu. La réintroduction des espèces en milieu naturel était exactement ce que
j’avais envie de faire». Le stage se termine et quelques jobs alimentaires plus
loin, le jeune homme se voit rappelé par le Zoo de La Garenne. Il ne sait pas encore
qu’il y restera quatorze ans (de 1999 à 2013). Puis une autre logique d’exploitation
s’est imposée et il décide de quitter pour poursuivre son idéal ailleurs.
Comment entretenir la passion pour ce que l’on fait ?
Pierre Ecoffey assiste le directeur du zoo de Servion, Roland Bulliard, dans la
partie concrète de gestion des animaux. « J’ai la chance de bénéficier de sa
confiance et dans la mesure de mon autonomie je tente d’assumer cette responsabilité
au plus près de ma conscience». Plein d’énergie et enthousiaste on sent l’homme à
l’aise dans son job. « Une tâche bien faite est normale et j’en oublie parfois de
dire bravo. Je dois aussi soigner mes relations au cœur d’une équipe ».
Perfectionniste dans son travail, Pierre est capable d’apprécier les petits
plaisirs. « Pour maintenir la passion il faut être capable de se lancer de petits
défis au quotidien, que ce soit pour le bien-être des animaux où la relation de
confiance que l’on construit à petits pas. C’est ce qui m‘inspire dans mon travail.
La chance de réaliser ce que l’on aime c’est à soi de la provoquer ».
Qu’est-ce que l’on apprend au contact des animaux ?
« La modestie, la maîtrise de ses émotions, les choses essentielles sur la vie et
sur soi-même. Ma formation de biologiste me permet de mesurer certains risques et de
rester objectif dans des cas extrêmes. Cela m’est utile au quotidien mais rien ne
remplace l’expérience au jour le jour avec les animaux. C’est cela la vraie école
qui permet d’avancer. Dans le cadre d’un zoo des règles de sécurité sont établies de
façon claire et il faut s’y tenir ». Les gardiens ont des contacts réguliers et
parfois familiers avec les animaux qui leur sont confiés. Ce n’est pas toujours
facile de mettre des limites. « Il faut savoir mesurer la distance et se permettre
parfois de changer d’avis. Chaque situation est différente. Le travail en contact
avec animaux me procure énormément de plaisir. Chaque jour nous réserve son lot
d’imprévus, rien n’est jamais acquis définitivement ».
Quelle place occupera le zoo dans la société de demain ?
« Le rôle des parcs animaliers sera de plus en plus important. Depuis longtemps
maintenant on a dépassé le rôle de ménagerie. La sauvegarde des espèces, la
biodiversité, l’état de la planète sont autant d’éléments qui sensibilisent le
public et contribuent à une prise de conscience globale. Plus de 600 millions de
visiteurs par année fréquentent les zoos dans le monde. Il reste beaucoup à faire
mais le mouvement est lancé ! »
Dany Schaer
Juin 2018
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