Pascal Dessauges n’aime pas forcer les choses, le temps est son allié. Préfet du
district du Gros-de-Vaud depuis 2013, il est aujourd’hui candidat à l’élection
complémentaire au Conseil d’Etat Vaudois. L’UDC Vaud l’a choisi avec l’espoir de
reconquérir le siège perdu en 2011.
Interview Dany Schaer
L’Echo du Gros-de-Vaud : La 3ème fois aura été la bonne. Qu’est-ce qui vous
séduit dans la fonction de Conseiller d’Etat ?
Pascal Dessauges : Intéressé par l’Exécutif de par mes fonctions
professionnelles, militaires et associatives, j’ai acquis des compétences
décisionnelles qui me paraissent utiles à la fonction de Conseiller d’Etat. J’ai
aussi été interpellé pendant l’automne par des personnes de différents partis qui
pensent que je pourrais être celui qui rassemble UDC, PLR et Centre. Si je peux être
utile à mon parti et à notre Canton je me dois d’être à disposition une nouvelle
fois.
Vous êtes un candidat modéré, ouvert au dialogue et consensuel. Aujourd’hui, le
climat est une préoccupation majeure. Les jeunes bougent et s’inquiètent de l’avenir
de notre planète. Qu’est-ce que vous avez envie de leur dire alors que les partis de
droite refusent la taxe sur les billets d’avion ?
C’est très positif que les jeunes se préoccupent de cette problématique. On peut
espérer que cela permettra d’intensifier les recherches à d’autres solutions moins
polluantes notamment dans les solvants. Par contre les jeunes de 18-24 ans utilisent
aujourd’hui le plus l’avion et leurs revendications doivent aussi se concrétiser
dans les faits.
Un canton à 1 million d’habitants est-ce concevable sans continuer à bétonner nos
campagnes ?
C’est possible si des mesures sont prises par les autorités politiques dans les
milieux urbanisés mais on doit être conscient qu’une augmentation telle que prévue
dans notre canton aura des conséquences sur les transports publics, réseaux routiers
et par conséquent sur les communes qui devront adapter leurs structures pour
accueillir ces personnes. Nous devrions aussi trouver une solution pour les
bâtiments hors zone à bâtir mais existants.
Vous avez un CFC d’agriculteur. Une profession en situation difficile aujourd’hui.
37% de suicides en plus que le reste de la population. Ne doit-on pas soutenir ceux
qui nous nourrissent ?
Depuis que je suis Préfet je suis resté très attentif à la situation de nos
agriculteurs. J’ai collaboré avec l’Aumônier Pierre-André Schütz lorsqu’il était
encore en fonction. Nous devons porter une attention particulière sur cette
catégorie professionnelle et ne jamais oublier que notre bonne santé commence avec
ce que nous mettons dans l’assiette – des produits de proximité et de bonne qualité.
L’égalité des salaires pour les femmes, un combat qui vous parle ?
La situation des femmes dans l’Economie me parle depuis longtemps. Au service
militaire déjà j’avais développé un sujet dont le titre était « La place de la femme
dans la société ». Je disais à l’époque que la femme devait faire preuve de plus de
compétences pour occuper les mêmes postes professionnels que les hommes. La
situation évolue trop lentement. L’égalité des salaires doit absolument être mise en
place dans tous les domaines.
Le vieillissement de la population une réalité qui aura des conséquences sur les
finances du Canton notamment l’aide sociale ?
L’avenir du financement des retraites se trouve dans le renforcement de la
responsabilité individuelle. Nous devons développer le 3ème pilier et défiscaliser
la prévoyance individuelle. La flexibilisation de l’âge de la retraite est aussi une
mesure nécessaire. Il faut garantir un traitement égalitaire des travailleurs en
adaptant l’âge de la retraite au cas par cas, par rapport au nombre d’années de
cotisation à l’AVS. Par ailleurs, il n’est pas normal qu’une personne qui a
travaillé toute sa vie ne puisse pas vivre de sa rente AVS.
Le déséquilibre entre les capacités financières du canton et celles des communes. Ça
ne peut plus durer ?
Par mon expérience de préfet je suis au clair avec la situation des communes. Je me
souviens que lorsque le canton était dans les chiffres rouges, il y a eu des
transferts de charges sur les communes. On peut dire que les communes ont contribué
à améliorer les finances cantonales pour une part importante. Il me parait donc
normal qu’un rééquilibrage des finances se mette en place. Il est important de
redonner des moyens aux autorités pour leur permettre de retrouver une vraie
motivation à assumer leur tâche et assurer ainsi le 1er maillon de notre démocratie.
Le laxisme dans la politique d’asile est une réalité dans le canton. Ne faut-il pas
appliquer la loi ?
Le plus important est que le cadre fédéral soit appliqué. Je me base sur les propos
de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga à l’automne dernier qui avait déclaré
que notre canton perdait des aides financières puisqu’il n’appliquait pas le cadre
légal fédéral. En appliquant le cadre légal en vigueur le coût de l’asile serait
moindre pour les contribuables vaudois.
La voie de l’apprentissage vous semble-t-elle importante pour les jeunes ?
Il me tient à coeur de mettre sur un même pied d’égalité la voie de l’apprentissage
et la voie académique au sortir de la scolarité obligatoire. Pour cela il faudra
mettre en place des mesures incitatives visant à encourager les maîtres
d’apprentissage à former des apprentis.
La révision de la loi sur la chasse veut faciliter l’abattage d’espèces protégées
comme le loup, mais aussi d’autres animaux comme le lynx, le bouquetin, le castor,
le cygne et donner plus de pouvoir aux cantons pour le tir préventif. Ne
craignez-vous pas les abus ?
Il est difficile de régler les problèmes de façon uniforme pour toute la Suisse. Je
suis favorable à ce que chaque canton puisse réguler une espèce face aux problèmes
qu’il rencontre. Je fais partie de la Commission consultative sur la faune comme
représentant des préfets et je peux mesurer la recherche d’un équilibre entre les
milieux favorables à la chasse préventive et les organisations en faveur de la
protection de la faune et de l’environnement.
Propos recueillis par Dany Schaer
Vendredi 25 janvier 2019
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