Après avoir brillé sur les patinoires Alba Fonjallaz est aujourd’hui à l’affiche de
« La féminité sacrilège », monologue de Philippe Pélissier. Théâtre, danse, chant,
piano, dessin, écriture, la jeune femme de 21 ans a soif de découvertes et ne
s’enferme dans aucune case. Rencontre avec une passionnée de liberté.
Entretien avec Dany Schaer
Echo du Gros-de-Vaud. A quel moment vous décidez de devenir comédienne ?
Alba Fonjallaz. J’ai pratiqué le patinage artistique de 2006 à début 2016 en
participant à de nombreux spectacles et compétitions de patinage artistique et sept
années aux Championnats suisses. Dès l’âge de 17 ans j’ai vécu à Paris durant la
semaine, mon coach y vivait. Parallèlement j’ai suivi des cours par correspondance
pour obtenir ma maturité avec l’idée de suivre les Cours Florent à Paris. C’est
ainsi que je me suis lancée dans cette nouvelle voie.
Dès l’enfance vous avez baigné dans cette ambiance si particulière du théâtre.
Oui Barnabé est l’oncle de ma maman et elle était costumière dans son théâtre durant
des années. Un théâtre, pour un enfant c’est le paradis ! A l’époque je ne me
rendais pas compte combien j’allais m’imprégner de cet environnement. Voir les
acteurs, se faufiler dans les coulisses, un monde fascinant. Petit à petit c’est
devenu une évidence, j’embrasserai une activité artistique.
Les cours Florent à Paris une étape importante ? J’ai pris tous les cours
que je pouvais depuis 2016 dans le but d’apprendre le plus possible et je me rends
compte que finalement c’est dans le cadre de l’école de Théâtre où l’on joue le
plus. J’ai terminé ma 3ème année de cours au printemps 2018 pour me consacrer à la
préparation des deux pièces monologues que j'ai présenté à Avignon au Festival Off
2018. J’ai aussi suivi différents stages avec des metteurs en scène et je vais me
présenter à plusieurs concours d'Écoles nationales et supérieures en 2019.
Et maintenant, la jeune comédienne se trouve sur scène ? Je viens de
sortir de l’école et c’est vertigineux. Chacun se débrouille, c’est le milieu de
l’art qui est ainsi. J’ai donc monté mon propre spectacle. « La féminité sacrilège
», une pièce en deux tableaux de Philippe Pélissier. J’ai tout donné de ma personne
pour monter ce spectacle. J’ai aussi pu me rendre compte que le patinage pratiqué à
haut niveau m’a beaucoup apporté. La volonté, la persévérance, l’aisance dans les
mouvements et une bonne condition physique. Une belle école de vie.
Qu’est-ce qui vous accroche dans ces deux rôles, Camille Claudel et Sarah
Rosenfeld ? Camille et Sarah sont emblématiques de ce que la femme a dû vivre
et subit encore de la part de l’ordre socio-politique et religieux. C’est une
histoire dominée et par l’empreinte prédatrice de l’homme et par tous les dérivés
symboliques de cette puissance patriarcale dont la femme a été et reste l’otage
sacrificiel. Les deux tableaux de cette pièce ont été joués en première création
lors du festival Off d’Avignon 2018 et ensuite au Théâtre La Grange à Pont à Servion
le 5 octobre 2018. Ils seront également joués à Paris ce printemps.
Cette salle représente quelque chose d’important pour vous ? Toute boisée
située en-dessus du restaurant La Grange à Pont a une âme ! Ce que j’ai vécu à
Servion s’apparente au rêve. Philippe Pélissier qui était mon coach en patinage et
qui m’a écrit cette pièce savait que je pouvais la jouer. Le thème cadre avec notre
époque car même aujourd’hui dans le milieu artistique il est parfois compliqué
d’être une femme. Philippe Pélissier est venu me voir jouer à Avignon et j’étais
fière de lui offrir ce cadeau. Pour moi c’est un immense privilège de travailler
avec un auteur vivant.
Devenir comédienne c’est aussi faire des choix Il faut trouver en soi sa
propre vérité. Vivre avec ce que j’aime faire est un cadeau de la vie, un partage
avec le public. Dès l’instant où je veux être comédienne je me donne les moyens pour
y arriver. J’ai la chance d’avoir une maman artiste qui me comprend. Croire en la
vie, c’est ce qui permet d’avancer.
Journal de Moudon et Echo du Gros-de-Vaud, vendredi 11 janvier 2019
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