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Interview : Laurence Perdrix

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Thierrens

Notre pasteure rejoint les sœurs de Saint-Loup
 

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Après plus de huit ans dans la paroisse du Plateau du Jorat, Laurence Perdrix rejoint la communauté de Saint-Loup en tant que postulante. Le 22 juin à Saint-Cierges elle présidera un dernier culte dans sa paroisse. Pour nous, elle raconte ce temps qui passe, sa foi et les choix qui s’imposent comme une évidence.

Interview Dany Schaer

L’Echo du Gros-de-Vaud. Vous avez choisi la théologie. Devenir pasteur est-ce une vocation ?

Laurence Perdrix. Adolescente, un jeune pasteur m’a donné envie d’embrasser cette profession. Il a semé la graine mais j’ai tout de même hésité. Parfois je pensais entrer à l’Ecole normale ou dans une école de photographie. Après un stage à la paroisse du Mont-sur-Lausanne j’ai su que c’était ma voie.

Et ensuite ?
J’ai occupé un ministère à Vaulion. Une période heureuse durant laquelle je me suis mariée avec un jeune pasteur. Un jour, après un an et demi de vie commune, il est parti laissant derrière lui femme et paroisse. Les villageois m’ont portée durant ce grand chagrin et je suis restée dix ans à Vaulion avant de penser à bouger et trouver un poste dans une autre paroisse. J’ai fait un remplacement à Villeneuve durant dix mois et j’ai rapidement obtenu le poste sur le Plateau du Jorat. J’ai été chaleureusement accueillie avec de la clairette par le bureau du conseil et les paroissiens.

Que vous restera-t-il de ces huit années passées sur le Plateau du Jorat?
Les gens que j’emporte avec moi dans mon cœur. Ils demeurent les souvenirs des temps forts. Ces personnes s’engagent et donnent une stabilité à la paroisse, sans eux l’église resterait les mains vides. Mais une page se tourne et l’histoire de la paroisse continue. Les expériences font ce que nous sommes.

On dit qu’il n’y a pas de hasard. Pourquoi cet engagement à Saint-Loup maintenant ?
Il y a vingt ans, lors d’un stage en diaconie, ma cheffe était la dernière sœur en activité et je me suis posée la question mais ce n’était pas le moment pour moi. Ces dernières années je me suis engagée dans une fraternité de prière. Une communauté à distance qui a ravivé en moi ce désir de vivre la prière quotidienne avec d’autres et m’engager dans un service quel qu’il soit.

Qu’est-ce qui vous fascine chez les sœurs de Saint-Loup ?
L’esprit communautaire, découvrir comment vivent les sœurs et ensuite trouver ma place dans une activité. Pour l’instant je sais juste que c’est la première fois qu’elles accueillent quelqu’un qui a déjà un ministère. Le 29 juin, elles installent une nouvelle directrice. Il s’agit de la plus jeune sœur. C’est la raison pour laquelle j’entrerai trois mois plus tard en tant que postulante. Une vingtaine de sœurs travaillent sur place au Pavillon du Nozon alors que d’autres soeurs exercent une activité à l’extérieur. Mais j’avoue j’ai tout à découvrir et Dieu sera là.

Certains pasteurs, comme vous, choisissent d’autres voies. L’église réformée vaudoise impose-t-elle un cadre trop étroit ?
Le ministère est de plus en plus lourd du fait de la diminution de postes et la complexification de la société. Parfois on ne sait plus très bien où est notre place. Il y a la pression économique et la difficulté à évaluer le temps dévolu aux missions habituelles (culte, naissance, décès, etc.) et lequel réserver à la créativité. L’église réfléchit à la transmission de l’évangile dans une société qui bouge.

Est-ce que Laurence Perdrix se sent partout chez elle ?
C’est le côté extraordinaire de l’église. Partout on a l’impression d’être de la même famille. On se sent à la maison où que l’on soit. J’aime aussi sa diversité et découvrir d’autres formes de prière. Avant d’entrer à Saint-Loup je retourne dans les Cévennes en France. Cet endroit est un puits d’eau fraîche qui m’apporte de la force depuis plusieurs années. Les paysages font écho en moi de quelque chose de familier.

L’amour de Dieu guérit-il toutes les blessures ?
C’est mon espérance même si je m’aperçois qu’il faut du temps. Un jour j’espère que l’on pourra relier toutes les souffrances à celle de l’accouchement qui est source de vie et d’espérance. L’espoir est ce lien à Dieu qui sème la lumière. Il nous éclaire dans les noirceurs les plus profondes. Mon départ est comme un appel, une soif qui est en moi.

Paru en juillet 2014

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Dany chaer - Journaliste-photographe

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