Froideville

Rolf Gerber, entre les chiffres et les polars
 

Comment passer de boursier à Conseiller municipal. Il faut écouter Rolf Gerber alors qu’il épluche les comptes pour la collectivité ou qu’il chavire pour l’action des séries policières télévisées. Celui qui passe du côté de l’Exécutif se pose les bonnes questions. L’état de grâce d’un village qui grandit vite est-il en danger tout comme sa cohésion sociale ?

Interview Dany Schaer

L’Echo du Gros-de-Vaud. Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’entrer dans un exécutif ?
Rolf Gerber. Etre de l’autre côté de la barrière. Mon amour des chiffres et de la gestion. Mettre à profit mon expérience professionnelle acquise en fiduciaire ainsi que celle de boursier de commune. Une autre manière d’entrer dans les foyers.

A quand remonte cet intérêt pour la collectivité ?
Très jeune je me disais si un poste de boursier est au concours je voudrais proposer mes services. Je pensais que les contacts avec la population seraient fréquents. Mais j’ai dû me rendre à l’évidence que ce n’était pas le cas. Au début, en 1996, j’avais même ouvert le bureau les samedis matins. Aujourd’hui les gens prennent rendez-vous avec le boursier que si c’est vraiment nécessaire.

Froideville, des grues, des blocs alignés. L’évolution du village vous convient ?
C’est une évolution qui m’a fortement surpris par sa vitesse et sa proportion dans certains quartiers. Et ce n’est pas fini. C’est une population de gens aisés, à bons revenus, engagés dans de grandes entreprises notamment sur la côte et comme ils ne trouvent pas à se loger ailleurs alors ils reculent dans l’arrière-pays. Pour la plupart le but est de trouver une habitation c’est tout. Ils achètent généralement en PPE et le prix du terrain a fait une montée fulgurante. Les infrastructures doivent suivre et c’est un souci pour la commune. Nous allons inaugurer le nouveau collège qui bientôt sera déjà trop petit.

Votre vision de Froideville dans dix ans ?
J’espère qu’on aura atteint le quota. La LAT va peut-être un peu freiner le phénomène. Difficile de se projeter dans l’avenir comme de savoir s’il faut être pour ou contre le processus des fusions de communes. Je pense aussi aux personnes plus âgées qui ne vont plus se reconnaître dans cet environnement. Curieusement plus la population augmente plus la vie sociale disparait. Aujourd’hui on ne construit plus sa maison dans un endroit choisi par «coup de coeur» mais juste par opportunité et prix. Parfois que de façon temporaire. L’intégration dans la sphère villageoise est devenue secondaire.

Municipal, une fonction qui évolue ?
Les membres d’un exécutif doivent avoir des connaissances très étendues notamment avec les fusions de communes. La fonction est parfois difficile voire impossible à mener conjointement avec une vie professionnelle. Je me pose la question : à l’avenir deviendra-t-elle une fonction pour retraités ou femmes au foyer qui ont la possibilité de moduler leurs horaires ou est-ce qu’elle va se professionnaliser? Avec le risque dans ce cas de perdre son poste aux prochaines élections. C’est une question d’avenir qu’il faudra se poser.

Que faites-vous quand vous ne comptez pas ?
Je suis passionné de séries policières télévisées, les « Experts » prioritairement et comme je parle aussi l’allemand je peux zapper ce qui désespère ma femme. Et puis le hockey est une passion familiale. Nous suivons les matchs du Lausanne hockey-club. Notre fille est gardienne dans une équipe féminine. Les longues promenades journalières avec les deux chiens, la musique classique que j’écoute dans la voiture ou lorsque je rédige dans le calme. Reste la lecture pour laquelle j’avoue ne pas avoir suffisamment de temps.

Mars 2013