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Interview : Marc-Etienne Piot

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Echallens

Marc-Etienne Piot, un visionnaire pour son district
 

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Le préfet du district du Gros-de-Vaud, homme influent et à poigne, a donné un nouveau visage à sa région. Un marathon sur la pointe des pieds pour avancer avec l’accord de tous. Mettre à jour ce qui change et préparer l’avenir, partager et repartir. Une vocation célébrée à la veille de sa retraite active dans l’humanitaire.

Entretien avec Dany Schaer

L’Echo du Gros-de-Vaud. Avez-vous le sentiment d’avoir concrétisé votre vœu de diminuer le nombre de communes dans le district?

Marc-Etienne Piot. J’ai toujours été un ardent défenseur de mesures novatrices pour le fonctionnement de nos communes. La proximité a ses limites. Un travail de fond m’a conduit dans les communes et au début on m’écoutait en souriant, puis on me prêtait une oreille attentive et enfin on me posait des questions. Dans cette résistance je percevais un intérêt. La subtilité de l’esprit vaudois mérite de prendre le temps d’expliquer et de convaincre. Le processus de fusion n’est pas terminé, nous entrons dans la phase de 2ème génération, soit des entités plus grandes avec des objectifs plus politiques que purement financiers. Tout dépend de la situation géographique et de la densité de population. Mais il faut au départ la volonté des populations de collaborer pour générer un engagement plus participatif.

La réorganisation scolaire dans le Gros-de-Vaud, un véritable marathon ?
En remplaçant plusieurs associations existantes par l’ASIRE on va décharger les municipaux de ce dossier. Il devenait urgent de mettre en conformité les sites secondaires et d’avancer aussi avec les projets de constructions pour la rentrée 2014. Un préfet pressé ? J’avais le souci de remettre à mon successeur un dossier incluant l’accord et l’acceptation de toutes les communes. Les enfants sont là et l’attente est grande de la part des parents qui ont des exigences.

La sécurité un nœud à tensions ?
La sécurité est un domaine à besoins différents. Idéalement le projet du canton prévoit que toutes les tâches policières soient de la compétence du canton et toutes les autres de la compétence des communes. Une pyramide avec pour socle de base le CRPS qui définit les actions de prévention à mener avec un financement basé sur une contribution de solidarité par habitant. Ensuite l’OPM, les ordonnances pénales municipales gérées par une Commission de police ad hoc désignée par un comité de sécurité. Cette prestation peut faire l’objet d’un contrat ou d’une convention avec les communes avec facture selon l’usage. Enfin l’ASP (assistants de sécurité publique sous la direction du comité de sécurité). A Echallens, l’activité des ASP est forte de plus de 40 tâches (non policières). C’est un projet novateur qui diminue les coûts et redistribue les tâches selon les besoins réels d’une collectivité. Je pars du principe qu’il vaut mieux mettre en place plutôt que d’attendre d’être imposé.

Depuis 1995 date de votre élection le district a changé. Comment le voyez-vous demain ?
Indépendamment de la société qui change et qui se sent plus concernée par ses droits que ses devoirs, j’estime que la mission du Préfet est de mettre en relation la confrontation et les échanges. J’ai pu mettre en place à ma manière les visites de communes dans les trois régions ce qui a contribué à mieux se connaître et de créer une nouvelle identité du Gros-de-Vaud. La vie de notre district n’a rien à voir avec la ville. Il est composé de nombreuses petites entités. La relation avec les communes est une affaire de personnes avant tout.

Qu’avez-vous appris au contact des gens ?
Avec le recul je dirais que l’important est d’argumenter avec des éléments objectifs et concrets et surtout respecter l’avis des autres. Souvent l’on apporte plus en écoutant qu’en dictant ses propres solutions. Cet échange m’a permis de relativiser et oser admettre que l’on peut avoir ses propres problèmes. Se donner le droit d’accepter ses faiblesses.

Avez-vous ressenti un sentiment de solitude parfois. Le pouvoir isole ?
J’admets aimer à l’occasion des moments de solitude. J’ai su me préserver dans ma vie privée. Rester parfois en retrait pour se retrouver et reconstruire. Lors de ma nomination j’étais à un tournant de ma vie privée, à la frontière entre deux chapitres de l’existence. J’étais animé par une énergie nouvelle qui demandait de grandir à l’abri des turbulences et cette activité préfectorale m’a permis d’avancer.

Comment imaginez-vous votre retraite ?
Même si les pages seront de plus en plus petites je vais continuer à les tourner. J’avais besoin de trouver une activité qui m’intéresse et me permette de m’éloigner un certain temps. Je pars le 22 avril au Burkina Faso dans une ONG pour participer à la mise en place d’un projet de gestion des déchets pour une population de 40'000 habitants. Ils ont besoin d’un appui et je suis très enthousiaste d’apporter mes compétences et mon expérience durant trois mois. J’ai envie de voyager, découvrir d’autres continents, de lire des biographies. Mes héros historiques sont des personnes qui ont marqué l’histoire, celles qui ont donné de leur personne pour construire un projet de société.
J’aimerais dire encore le plaisir que j’ai eu dans ma fonction de Préfet d’Echallens et du district du Gros-de-Vaud dès 2008. Un grand merci à tous les partenaires, autorités, communes, sociétés. Merci pour la confiance témoignée durant toutes ces années.

 

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Dany Schaer - Journaliste-photographe

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