Interview
Rémy Kohler, une voix dans l’ombre
A l’occasion de l’assemblée des délégués UDC, organisée à
Coire, nous avons rencontré le traducteur des débats. Chaque année, plus
de 270 congrès font appel aux services de Rémy Kohler & Partner AG dans
toute la Suisse. L’entreprise est située à Greng près de Morat.
Une halle située dans la périphérie de la ville. Dans un angle,
un peu à l’écart, une cabine grise dans laquelle l’interprète attend les
écouteurs sur les oreilles et le micro à portée de main. Voilà donc
l’homme au débit rapide qui attend de parler, fidèle aux propos des
autres. Un récit qui se joue en parallèle d’une langue à l’autre,
allemand et français. Dans la salle les petits appareils noirs munis
d’une paire d’écouteurs sont distribués aux membres présents. L’outil
indispensable pour comprendre le contenu des débats.
Le Pays Vaudois. Comment le traducteur se prépare-t-il
pour un congrès?
Rémy Kohler. Je compte environ trois heures consacrées à la
lecture des textes des intervenants. Il est important de bien
connaître le contenu des débats. Du Conseiller fédéral au
ramoneur, du médecin au jardinier chaque mandat nécessite une
préparation minutieuse. Et en politique un mot peut faire toute
la différence.
Vous n’avez pas droit à l’erreur. Connaître les orateurs
est-ce un atout ?
L’expérience et les relations tissées au fil du temps sont
importantes. Plus on connaît l’orateur plus on sent ce qu’il va
dire et comment il va le dire. Il faut savoir qu’en cours de
traduction simultanée on n’a pas le temps d’écouter à proprement
parler. L’attention est portée sur l’immédiat, écoute et
traduction. Notre cerveau nous permet une incroyable
coordination mentale. C’est la raison pour laquelle on travaille
en alternance avec ma collaboratrice Barbara Voegeli.
Vous assurez la traduction simultanée de plus de 270 congrès
par année dans différents domaines, lesquels ?
Nos domaines d’activité sont le droit, l’économie,
l’écologie, la vie associative, la littérature. Ainsi que les
domaines techniques, comme le génie civil, le bâtiment ou
l’économie forestière et le chauffage. Nos clients sont
essentiellement les associations patronales de toute la Suisse,
le congrès médical de Pontresina. Depuis plus de 25 ans j’assure
la traduction simultanée pour l’Union démocratique du centre.
Chaque traducteur se spécialise dans certains domaines, c’est
aussi une manière d’être plus performant.
Vous respectez un code de déontologie strict, vous pouvez
nous en dire plus ?
En cours de formation que ce soit à l’Ecole d’interprète de
Genève ou à celle de Heidelberg en Allemagne, la meilleure en
Europe, on nous apprend le respect de la parole de l’autre. Le
traducteur utilise les mots justes, qui en aucun cas ne doivent
dénaturer le propos de l’orateur. L’interprète est la voix de la
pensée orale qui se fond dans l’instant.
Dany Schaer
Paru dans Le Pays Vaudois, octobre 2009
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