La Maison de la rivière consacre une exposition aux libellules et à la cistude
d’Europe, seule tortue indigène de Suisse. Elles sont les représentantes des milieux
humides dont elles dépendent, un type d’habitat fragile et magnifique. Une invite à
la contemplation et à la préservation.
Du 24 mars au 31 octobre l’exposition tous publics « Naïades de tout l’étang » est
emblématique des milieux aquatiques. Pour les deux commissaires Albertine Roulet et
Charlotte Ducotterd, biologistes spécialistes respectivement des insectes aquatiques
et des tortues, cette visite est un moyen de sensibiliser la population à la beauté,
mais aussi à la fragilité des écosystèmes humides. « De multiples facteurs ont eu
raison de près de 90% des zones humides du Plateau depuis le XIXe siècle :
drainages, urbanisation et canalisations sont les menaces les plus directes sur ce
type d’habitat», commente Albertine Roulet. « La Cistude d’Europe, unique tortue
indigène en Suisse, est menacée d’où l’importance d’étudier son régime alimentaire
et ses lieux de ponte pour optimiser la réintroduction de l’espèce dans le pays »,
explique Charlotte Ducotterd, doctorante qui consacre une thèse, conjointement à
l’UNIL et à la Maison de la Rivière, afin de proposer une stratégie de conservation
de la Cistude à l’échelle nationale. Un travail qui s’inscrit dans une suite au
programme (projet Emys) lancé en 1999 par le Centre de Protection et Récupération
des tortues de Chavornay, fondé par son père Jean-Marc Ducotterd.
L’exposition présente aussi une application «Libelull ‘ID », développée par la Haute
Ecole du paysage, d’ingénierie et d’architecture (HEPIA) permettant d’identifier les
différentes espèces de libellules grâce à des critères accessibles à un large
public. « On commencera pas distinguer les libellules « vraies » de leurs cousines
les demoiselles. Cette application propose des itinéraires d’observation dont l’un
passe par ici. Des jumelles sont mises à disposition pour observer les insectes
vivant dans les deux étangs », explique Albertine Roulet, chargé également de la
communication de la Maison de la Rivière.
L’origine des tortues. Elles ont connu les dinosaures et traversé toutes les
crises climatologiques. Les premières tortues sont apparues il y a environ 220
millions d’années. « Des tortues d’eau douce déjà dotées de toutes les
caractéristiques de nos tortues actuelles. À cette époque, la famille des tortues
étaient très diversifiée et avait colonisé le monde entier, comme aujourd’hui »
relate Charlotte. Leur origine reste toutefois incertaine : génétiquement proches
des Crocodiles et des Oiseaux, les formes intermédiaires pouvant démontrer quels
étaient les ancêtres des tortues n’ont pas encore été trouvé.
Libellules, une vie entre deux mondes. Il y a 340 millions d’années, en plein
Carbonifère, une jungle fantastique occupait la Terre dans un climat humide et
chaud. Les ancêtres des libellules, seuls animaux volants de l’époque, régnaient en
maître dans les airs. Appelés Protodonates, ces insectes pouvaient mesurer jusqu’à
70 cm d’envergure ! Avec les Ephémères, ils représentent les premiers invertébrés
volants, mais surtout les plus grands qui aient jamais vécu. « Chez les libellules,
tout est une question de territoire. Les mâles sélectionnent une zone favorable
avant de trouver une partenaire. Une fois l’accouplement « en cœur » terminé, la
femelle doit trouver un site de ponte approprié dans le milieu aquatique. L’œuf
deviendra larve, un redoutable prédateur des eaux troubles. Quelques mois à quelques
années plus tard, elle quitte finalement l’eau pour le ciel et se transforme en
libellule adulte, une prodigieuse voltigeuse des airs. On peut dire que les
libellules passent la majorité de leur vie dans l’eau, contrairement à ce que l’on
pourrait penser », explique Albertine Roulet.
La Maison de la Rivière, exposition Naïades de tout l’étang, du 24 mars au 31
octobre 2018. Commissaires Charlotte Ducotterd et Albertine Roulet
www.maisondelariviere.ch
; ch. du Boiron 2, 1131 Tolochenaz. Tél. 021 546 20 60
Dany Schaer
Mai 2018
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