Ropraz
Logovarda, le trait de l’indignation
L’artiste solitaire de la Ferrière accroche ses
dessins aux cimaises de l’Estrée. Son trait affirme la volonté
du créateur, porter un regard lucide sur l’activité humaine.
Dynamique, énergique il donne en chaque trait une force
inépuisable. Geste voulu ou indiscipliné, il questionne sur le
devenir de l’Homme laissant au regard des autres d’en traverser
les tumultes.
« Mon travail est un combat contre tout ce qui veut écraser
l’Autre », Logovarda
L’émotion, moteur de son expression artistique donne vie aux
formes dans une indéfinissable sarabande de traits. Colère
extrême ou joie salvatrice se croisent dans le cadre. De ce
monde intérieur surgissent des formes inattendues. Les toiles de
l’artiste permettent de franchir avec intuition et parfois
crainte ce monde absurde de certitudes délirantes. Ses «
créatures » nous interpellent sans délivrer leur secret. Elles
nous ouvrent la porte d’un futur qui nous échappe. Cicatrices et
meurtrissures se recroquevillent dans une douleur collective.
Les Géants aux mains accrochées à fleur de sol avancent
inéluctablement dans une quête originelle inassouvie. « Je
n’arrive plus à croire que l’Homme deviendra une fois
raisonnable. Quand je trouve que ça ne va plus dans la peinture
je fais une sculpture». Logovarda, artiste autodidacte et
instinctif donne à son œuvre le pouvoir de nous interpeler. Nul
mot pour expliquer une société en dérive, seul le trait déverse
le jus de l’indignation.
L’artiste, né il y a plus de 60 ans, a séjourné en Grèce, dans
l’île de Paros, au cœur des Cyclades. C’est là que les habitants
du pays, le voyant fasciné par la fête célébrée dans le
monastère, lui donnèrent son nom Logovarda. Il revient au pays
pour s’installer dans les Franches-Montagnes. Une maison isolée
à La Ferrière. Cet endroit où parfois terre et ciel se
rejoignent dans une brume automnale. Comme l’œuvre de Logovarda
« Rien n’est dit en ce matin agité d’un trouble sans partition
». Assise près d’un géant à trois mains j’en écoute le corps
chahuté par le vent. L’histoire continue sans que je demande
grâce.
L’Estrée, Ropraz, exposition Logovarda, jusqu’au 26 octobre
2014. Entrée libre tous les jours de 14h00 à 19h00 (sauf le
mardi)
Dany Schaer
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