Ropraz
« Finitudes », la planète en dérive
Exposition à l’Estrée
Henri Bertrand nous présente des pièces de bois évocatrices
des marques du temps et du lieu où elles se sont développées.
Ses sculptures deviennent un concentré de plis, de formes, de
tensions, de couleurs, de rythmes et de matières auxquelles sont
associées souvent des éléments métalliques hétérogènes.
L’artiste exprime sa sensibilité aux forces et échelles de temps
naturelles, aveuglément niées par nos sociétés modernes.
Henri Bertrand est géographe et artiste suisse. Le déclic s’est
fait lors de son départ pour Vancouver. Il tourne une page de sa
vie d’enseignant et décide de se consacrer à la sculpture. Un
art qu’il pratique depuis des années et au travers duquel il
exprime l’ambivalence de nos comportements. « L’humanité
pensante que nous sommes, dans sa finitude, perçoit, décrit,
analyse la planète, en transforme sa périphérie, en modifie ses
équilibres les plus vitaux. Grandioses ou catastrophiques, les
réalisations humaines n’en demeurent pas moins confinées à un
bref moment de l’évolution de la terre. Ce hiatus entre force
fragile et puissance tellurienne constitue la source première de
mon inspiration».
Au-delà des limites, il existe le monde où la déraison nous
propulse dans une indifférence générale. L’œuvre d’Henri
Bertrand joue avec la gravité terrestre de façon intensive.
Toutefois, l’histoire des différences, des murs entre les
couleurs, les idéologies, les religions se dressent comme force
indomptable. Les regrets s’évanouissent derrière le décor-clair
obscur du tout permis. L’artiste, sans rien perdre de l’élégance
de la matière, célèbre la planète et s’attache à respecter
l’arbre substrat de son travail de sculpture.
Petite biographie : Henri Bertrand est né à Genève où il réside
jusqu’en 1995. Géographe, enseignant, infographiste il quitte sa
fonction d’enseignant à la haute Ecole de gestion de Genève à
fin 2004 et part à Vancouver. Dès lors son chemin passe par les
créations plastiques indépendantes. En 2006, retour au pays et
installation de son atelier à Apples. Depuis 2005, il
approfondit son travail sculpté sur l’expression des forces
tectoniques et la fragilité de l’écosystème terrestre. Les bois
utilisés sont l’érable, le pommier, le peuplier, le poirier ou
le cèdre rouge. Des bois agréables à travailler. Viennent
s’ajouter le cuivre étamé, l’étain, la peinture acrylique, la
pierre artificielle et le béton.
Parmi les sculptures l’on découvre l’Oïkos (en grec ancien :
maison). En Grèce antique, dès l’époque homérique, chaque
personne était rattachée à un oikos. Un ensemble de biens et
d’hommes rattachés à un même lieu d’habitation et de production,
une maisonnée. Il s’agit à la fois d’une unité familiale élargie
– des parents aux esclaves – et d’une unité de production
agricole ou artisanale.
Fondation Estrée Ropraz, du 29 mai au 28 juin 2010, exposition
ouverte tous les jours de 14h à 19h sauf le mardi. Tél. 021 903
11 73 ou
www.estree.ch
Dany Schaer
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Paru dans le Journal de Moudon, juin 2010 |
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