Entrée générale du site

 

Exposition à l'Estrée / Octobre 2009

Page précédente

Page suivante

Ropraz - Estrée

Sur les traces de deux artistes

"Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver"
René Char

Renée-Paule Danthine et Anna Sutter se rejoignent le temps d’une exposition à L’Estrée. L’une trouve son chemin sur la feuille de papier, l’autre dans les pierres tendres. La richesse de l’expérience devient pulsion créatrice. Un corps à corps fait de ruptures, de fractures, de transitions et de contrastes. Un parcours à la recherche de l’équilibre entre harmonie et continuité.

Retour
Tableau de Renée-Paule Danthine
Retour
Sculpture de Anna Sutter


Les tableaux de Renée-Paule Danthine nous emmènent au-delà des êtres. Une brèche dans la muraille du monde. Les photos jaunies d’un autre temps auxquelles l’écriture répond quelques mots à la plume. Ainsi nulle espérance n’est détruite, le froid de l’absence surgit sur une chaise vide, l’imaginaire redonne vie au passé. Au coin d’un cadre les visages flous défilent, la griffure du temps comme un poème déposé en ultime message aux disparus. L’image, tyrannie du visible, passe d’une chose à l’autre ignorant la sensibilité qui sépare les absents des présents.

Initiée aux techniques de la gravure sur bois par l’artiste japonais Ansei Uchima, Renée-Paule Danthine garde un amour du papier « qui vit et qui bouge », ce qui lui fait préférer les média appropriés à ce support : mélange d’aquarelles, de pastels, de caséine et de collages. Elle utilise aussi une technique, huile-cire-pigments sur papier ultérieurement marouflé sur toile.

Anna Sutter est fascinée par les formes, les volumes, la matière, les pierres. Elle ose s’aventurer sur le terrain de la sculpture et divers stages ont ainsi aiguisé son sens des rapports spatiaux et celui du jeu des énergies caractérisant tout processus de création et aussi le goût de l’improvisation. Son coup de foudre pour les pierres tendres que sont la stéatite et l’albâtre est arrivé lors de cours suivis sous la conduite de Nathalie Delhaye, sculptrice. Depuis elle travaille ces matières dans une démarche largement autodidacte.

L’artiste apprivoise au cours de longues heures d’intimité, le fragment de matière initial. Un travail sous-tendu par l’émerveillement au contact de la pierre qui se révèle progressivement dans sa texture, dans le dessin de ses veines et au fil du ponçage dans ses teintes, son grain et ses lumières. La pierre séduit l’œil et la main, elle appelle les caresses. Anna Sutter se fait à l’idée de devoir, un jour, se séparer de ce témoin d’un parcours de vie durant le lequel il n’y a pas que la pierre qui s’est transformée. Une trace vers le soleil levant, invisible et si présente.

Dany Schaer
Paru dans le Journal de Moudon, octobre 2009

www.estree.ch

Page précédente

Dany Schaer - Journaliste-photographe - Tous droits réservés ©2010-2024

Haut de page