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Exposition: Suleiman Al-Safan

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Ropraz

La plume et l’encre pour créer le lien

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Très jeune, Suleiman Al-Safan se posait déjà la question. Comment tracer un chemin vers l’Autre ? La calligraphie lui apporte la réponse. Fil conducteur de l’exposition « Ecritures & Livres d’Artistes », le jeune artiste accroche ses tableaux comme un message d’amour. Plume et encre se fondent dans une même pensée au seuil de la souffrance apaisée et un avenir plein d’espoir.

La neige, posée comme un grand manteau sur les hauts du village, le froid mordant et l’Estrée, blottie au cœur du bourg. Une exposition actuelle, dont la première vertu est de nous parler des écritures et des livres. Une présentation qui relate les mots de la vie de tous les jours. Les œuvres de Bernadette Duchoud, Claude Besson, Louise Beetschen et Marie-Claire Meier se définissent comme une ouverture dans une succession de questions. L’espace vide de pages en attente dégage une poésie propre à la méditation. Suleiman s’y introduit sur la pointe des pieds dans un parfait respect de l’harmonie. L’écriture fine et belle comme arabesque, douce et vive. Il place les mots justes là où les pensées vagabondent et se cherchent un chemin.

Suleiman Al-Safan est Jordanien et vit en Suisse depuis dix ans. Pourquoi est-il venu vivre dans notre pays ? Un pur hasard dit-il. Un voyage, une rencontre, des amis et la connaissance de sa future femme « Abire » le parfum des fleurs. Jordanienne elle aussi. Aujourd’hui, le couple a quatre garçons et demeure dans la région moudonnoise. Suleiman ne regrette pas son choix, bien accueilli, il construit sa vie en français la plupart du temps. « En Jordanie j’avais un petit commerce de vêtements à Madaba, la ville des mosaïques. Un lieu où vivent chrétiens et musulmans dans le respect de leur culture réciproque ». Le jeune homme est issu d’une famille de dix-sept enfants élevés selon la tradition. Dans son pays, la sécheresse est la principale cause de pauvreté, elle menace la vie des bédouins nomades ».

Pourquoi la calligraphie ? « C’est un art qui permet la créativité tout en respectant des règles. Les pensées ainsi transcrites sont belles et s’adressent à chacun d’entre nous ». Suspendre chez soi un tableau de Suleiman c’est avoir un ami à ses côtés. Ses pensées sont tantôt apaisantes, sereines, parfois un mélange d’humilité et de sagesse. Si l’artiste utilise l’encre noire, l’œil est sensible à la teinte curry qui orne délicatement ses tableaux.

Pendant ce voyage au cœur de l’Estrée nous abordons avec Suleiman la tolérance et la compréhension de l’Autre. Dans la communauté bédouine rien n’est définitivement tout noir ou tout blanc. Les problèmes de société se règlent selon l’œil bédouin qui associe toujours une tierce personne à la résolution d’un conflit. Le respect de cette règle permet d’éviter les blessures d’amour propre qui pourrissent les relations. Dans cette communauté nomade on ne se jette pas les vérités à la figure. La caravane passe et les « sages » décident du prix de l’affront. Puis la vie reprend et selon la tradition « L’oral demeure le moyen de transmission des choses de génération en génération».

La calligraphie, c’est l’Art d’écrire de Belles Lettres. Cet art s’est largement développé dans la culture arabo-musulmane. On y trouve de nombreux styles d’écriture qui ont chacun leurs règles strictes et leur champ d’application. La calligraphie Arabe concilie à merveille la liberté de création et la rigueur de l’écriture. Elle permet de représenter de manière subtile toute image en utilisant uniquement les lettres arabes d’un nom, d’un mot, d’un proverbe voire d’un poème.

Ecritures & Livres d’Artistes, Fondation l’Estrée, Ropraz.
Exposition ouverte jusqu’au 18 décembre. Tous les jours de 14h à 19h, sauf le mardi.
Tél. 021 903 11 73. www.estree.ch

Dany Schaer

Paru dans le Journal de Moudon, décembre 2010 Retour
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Dany Schaer - Journaliste-photographe - Tous droits réservés ©2010-2024

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