Ropraz – Fondation L’Estrée
L’humour peut-il sauver de tout ?
Edmond Engel
soulève la question. Enfant placé, exploité, enlevé à sa famille
après le décès de sa mère, il est séparé de son frère et de ses
sœurs et devient valet de ferme à l’âge de 9 ans. Aujourd’hui,
l’artiste peintre, mais aussi poète et philosophe expose ses
œuvres à l’Estrée. Son œuvre traverse le temps aux côtés de ses
personnages enfermés dans le silence du drame absolu alors que
la fantaisie s’infiltre comme un clin d’œil malicieux.
« J’ai
toujours ma mère en moi et j’ai des conversations avec elle. Je
regarde mon recueil de photos et je m’imprègne de son humour.
J’étais un optimiste de nature alors même qu’un infime espoir
sur l’avenir se dessinait autour de moi». Edmond Engel sort de
l’adolescence à 16 ans avec pour tout bagage une enfance volée.
« Je me suis mis au vélo et à la recherche d’un apprentissage.
Tout ce que je savais faire était planter des clous. A la ferme
j’avais l’habitude. Par contre je ne savais pas écrire faute
d’avoir été envoyé à l’école de façon régulière». Un premier
dictionnaire et le jeune homme se met à apprendre les mots
poussé par une irrésistible envie d’écrire. La peur de sombrer
dans l’alcool le décide à partir pour un premier voyage.
L’Europe en stop pour découvrir un univers neuf. « Mon second
voyage en Syrie, Jordanie et Israël m’a permis d’évacuer le trop
plein. J’ai commencé à dessiner et à peindre. A mon retour
d’Israël j’ai rencontré ma femme et on s’est installé ensemble.
Je peignais dans la salle de bains et un jour un galeriste m’a
proposé d’exposer mes toiles ». Le peintre n’a pas de complexe
et ne se prend pas au sérieux. C’est ce bon ferment de l’humour
caché en moi qui m’a sauvé».
Edmond Engel, né le 26 juin 1937
à Angers, en France vit en Suisse romande depuis son enfance.
Autodidacte, il peint et dessine depuis plus de cinquante ans et
de nombreuses expositions ont présenté son œuvre, en Suisse et à
l’étranger, en France, aux Etats-Unis et au Japon. Personnage
hors du commun son imagination est débordante et déroutante
parfois. Ses personnages ont des allures à la fois fragiles et
dramatiques. Révolte et insoumission, poésie et fantaisie,
humour grinçant, son regard se balade et questionne sur le
pourquoi de l’univers et la condition humaine.
Exposition
Edmond Engel, du 5 mars au 26 avril 2015. Fondation L’Estrée,
Ropraz, 021 903 11 73
www.estree.ch
Présentation du film de Muriel Jaquerod « Engel » le
dimanche 29 mars à 16h avec lecture de «La petite Emma» l’Hèbe,
1996 de et par Mousse Boulanger poète et écrivaine. En Suisse
jusqu’en 1970, des milliers d’enfants ont été enlevés à leur
famille et placés dans des conditions inacceptables. Engel a été
l’un d’entre eux. De 9 à 16 ans, il a été exploité. Travail et
maltraitances étaient son quotidien. A 75 ans, il retourne sur
les lieux de son enfance afin de livrer son témoignage sur cette
période de sa vie. |
Dany Schaer
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